Projet Up'n Down, étape 1: entraînement.

Up'n Down? 

Oui monter et descendre, c'est déjà bien ce qu'on fait en montagne à chaque sortie, vous me direz. On pourrait même imaginer une loi physique du genre "Tout ce qui monte doit redescendre un jour"

Mais on parle plus souvent de la montée: la voie d'escalade, de mixte, de neige, les topos en décrivent les détails, on les nomme ascensions, avec force commentaires, de "classique" à "superbe" en décrivant les passages clés, dièdres caractéristiques etc....

Et la descente? Etes vous déjà tombé sur un topo qui parle de "magnifique descente par des roches brisées suivie quelques traversées expos par des névés mous sur lesquels vous vous mouillerez les pompes" ou encore de "magnifique ligne de rappel en diagonale qui ne devrait vous coincer que deux ou trois fois la corde si tout va bien"?

Non.

Parce que la descente c'est chiant et c'est long, toujours trop.

Ca fait un bail que Arnaud Bayol et moi-même grimpons sur les montagnes, ou sautons des montagnes en BASE-jump. 

Jusqu'à maintenant, quand nous grimpions une voie technique, nous descendions à pied ou en rappel, et quand nous allions sauter, nous montions à pied en randonnées, ou par une voie d'accès "facile" ne nécessitant que peu de matériel. 

L'idée a fait son chemin que nous pourrions allier les deux, ce qui ne va pas sans poser de problèmes:

Le poids en plus à la montée: environs 7 kg de matos de chute...par personne.

L'encombrement (à la montée): un sac forcement plus gros.

L'encombrement (à la descente): Où fourrer tout le matos de grimpe dans la combinaison ou la wingsuit? 

Heureusement les solutions viennent aussi par l'évolution du matériel:

Le matos de grimpe à fait un cure de minceur ces dernières années: l'utilisation du dynéma et des mousquetons light s'est démocratisée: une dégaine light Petzl Ange pèse 63g, alors qu'une dégaine classique pesait plus de 110g... et multipliez la différence par douze! Les cordes sont plus fines, les harnais aussi, etc...

Le milieu du BASE suis dans cette direction avec un peu de retard, et est en train d'opérer sa "révolution du light": Le dynéma arrive la aussi et va faire chuter le poids des harnais, qui comme pour les harnais d'escalade, aura une résistance supérieure pour un poids inférieur!

Enfin nous devons nous entraîner pour ne pas être "des chèvres" ni en grimpe, ni en BASE! 

Premier run:

Après plusieurs essais pour s'équiper "prêt à sauter" à la maison, pour voir où ranger le matériel dans la wingsuit, on choisi une voie d'escalade raide dans laquelle nous pouvons hisser le sac, et débouchant sur un saut suffisamment "facile", c'est à dire dans une paroi raide avec suffisamment de hauteur disponible pour un départ safe. La mise en vole pouvant être retardée a cause de la surcharge et de la répartition du matos dans la wingsuit.

Lundi 11 mai, on part à 7h du parking pour grimper à la pointe nord d'Ayère "Dret dans'l pentu" (tracé de gauche sur le topo): Après 3 heures d'approche dans les alpages, puis par le socle raide demandant de l'attention, ce sont 250m de grimpe qui nous attendent dont 200 légèrement dévers. Rocher parfois excellent sur calcaire sculpté (L2, L4, L8), le reste est correct, parfois un peu fracturé. Seule L1 est abo, un 6c équipé assez loin dans une bande de schiste délitée. Mais le reste en vaut la peine!

On charge la "patate", le sac de hissage des deux parachutes en plus du matériel classique. Arnaud, qui a fait de la muscu du biceps ces derniers temps hisse le sac tellement easy! Quand il se trompe de corde c'est moi que ça fait monter!

16h, en haut de la voie! les pieds en feu et la peau des doigts bien attaquée par ce calcaire d'altitude, abrasif. On part pour une traversée d'arête pour rejoindre un saut que nous connaissons.

Puis vient le moment de s'équiper pour sauter. Et là, tout ce qu'on a testé à la maison ne fonctionne forcement pas comme prévu. Alors on essai et on ré-essai, puis ça fini par faire.

Arnaud est en "tracking suit" en rouge sur les photos, c'est à dire qu'il n'a pas d'ailes mais une combinaison qui gonfle (pas à la bouche, mais il y a des entrées d'air dans lequel s'engouffre le vent relatif), dans laquelle il peut caler la corde de hissage, quelques dégaines, les crampons, chaussons, sac à pof.

Moi j'ai une wingsuit, qui à un peu plus d'espace à l'intérieur et dans laquelle je peux faire rentrer l'attache de 50m, dégaines, descendeurs, poulies, chaussons, ...etc.

Au final rien ne reste sur le sol est on est prêt à sauter... à 18h30!

Arnaud saute en premier et fait un beau vol pour tirer au dessus de la voiture. Moi, en aile, vole plus loin, pendant près de deux minutes, et pose à côté de chez moi, à Servoz, défoncé, mais heureux!!

Merci à PETZL et son excellent matos léger, pour son aide à la montée,

Merci à S-FLY, avec l'extraordinaire Ridge, pour son aide à la descente!

A la prochaine!