Grimpe et BASE autour de la Meije.

Fin juillet on est partis à trois, Jessica Levy,  Aurélien « BN » Chatard et moi, chasser le pokemon dans la région de la Meije. Plutôt discrète, la bête ne s’est malheureusement pas montrée. Tant pis, on en a quand même profité pour faire un bel enchainement alpi/wingsuit. 

Voila peut-être une manière de concilier « l’Oisans nouveau » avec « l’Oisans sauvage » cher à l’activiste local JM Cambon. Si l’oisans nouveau, décrit dans le topo homonyme, réfère aux voies d’escalades clé en main, alors redescendre en volant en wingsuit après les avoir grimpées serait plutôt l’Oisans 2.0. En tout cas très loin de « l’Oisans pourave », la région de la meije offre une série d’arêtes effilées, de faces raides et, une fois n’est pas coutume, en excellent rocher. 

Comme cela arrive assez souvent dans les récits de montagne, je vais d’abord vous raconter ce qu’on a pas réussi à faire. On voulais traverser les arêtes de la Meije « à l’envers » jusqu’à la dent Zygmundi, en partant du refuge de l’Aigle, et refaire le saut ouvert deux ans plus tôt par François Gouy et Bertrand Givois: un saut certainement magnifique qui demande de sauter en face sud et de contourner le Grand Pic de la Meije, passer la brèche de la Meije pour ensuite voler dans les Vallons jusqu'à La Grave.

Mais le grand beau temps annoncé n’était pas au rendez-vous, et des nuages étaient déjà là dès le lever du jour.

Arrivés à la dent Zygmundi, on s’équipe dans une alternance de nuages et d’éclaircies, mais la brèche, elle, ne s’est jamais vraiment dégagée. Plutôt que d’attendre tout l’après midi avec le risque de rester coincer et descendre à pied, on saute face sud, direction glacier Carré et refuge du Promontoire, et posons après 1500m de vol balade sur un gros névé un peu au dessus du Chatéleret. Mais de là pour rentrer c’est 1:30 à pied et quelques heures de stop! 

On remonte donc au refuge du Promontoire, qui a eu la gentillesse de nous prendre au dernier moment, et replions sur la DZ, ambiance au pied du Grand Pic!

Saut en face sud de le Dent Zygmundi.

A ce stade de l’histoire Jess qui avait déja un peu chauffé dans la traversée, pète une durite dans le remontée au refuge. Il faut dire que les 3000m de dénivelé des 24 dernières heures avec de bons sacs nous ont bien tiré dans les pattes. C'est sa plus grande course en montagne, et c'est déja une belle perf. Elle restera au refuge mais redescendra à pied vers la Bérarde le lendemain. (la marche et le stop..!)

Départ à 4h avec BN pour monter au Grand Pic par la voie normale. Normale? Pas tant. Réussie pour la première fois en 1877, soit 12 ans après le Cervin, pourtant déjà qualifiée de « dernier problème des Alpes » 

« Il y a un siècle tous les grands sommets des Alpes étaient gravis. Tous sauf un : la Meije. Cette citadelle de glace et de granit devait opposer plus encore que le Cervin, une résistance acharnée aux efforts des assaillants….. »

Henri Issellin 

Saut en face nord du Grand Pic de la Meije.

Il nous en a fallu des efforts et de la résistance avec nos gros sacs pour monter là-haut! 900m de belle escalade, un tracé astucieux, et du 3+ pas si facile. Avis aux intéressés: c’est une grande voie de montagne, la cotation enfle vite avec l’altitude, surtout quand on se perd! Les horaires des cordées varient facilement du simple au double, soit de long à trèèès long.

Environ 50 m sous le sommet, à main gauche, on trouve un départ évident, et on s’équipe à côté des cordées qui passent, dans un petit vent de nord cinglant. Le couple de japonais rencontrés la veille au refuge a vraiment l’air de rien n’y comprendre! 

3-2-1 et on part faire un tour en l’air pour un vol de 2500m de dénivelé et tirons haut au dessus du village de La Grave, qui en a vu d’autres!

Merci les copines et copains Jess et Aurel pour avoir partagé ces beaux moments en montagne.

Merci Petzl pour le matos au top et léger, ça compte!! Et S-Fly pour sa Ridge: précision et départs au top!

Et merci aux refuges de l'Aigle et du Promontoire pour leur acceuil fantastique!